E-commerce et bilan carbone, comment les marques et les consommateurs peuvent-ils être + vertueux ?
La France tend à atteindre la neutralité carbone des transports d’ici 2050. Mais l’explosion du e-commerce semble aller à l’encontre de cet objectif environnemental. Comment les marques peuvent-elles agir pour inciter les consommateurs à être plus attentifs, à réduire leur impact carbone ? Vaste débat ouvert par le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) et France Stratégie.
Dans leur dernier rapport, intitulé « Prospective 2040-2060 des transports et des mobilités – 20 ans pour réussir collectivement les déplacements de demain », ces deux instances ont invité de nombreux experts à s’interroger sur notre mobilité dans 20 ans. « À quoi ressemblera demain ? », c’est la question tentaculaire à laquelle ils tentent de répondre.
Dans cet article, nous vous rapportons leurs réflexions autour du e-commerce (son expansion, son empreinte carbone) et leurs propositions pour rendre les consommateurs + vertueux.
Apparu au début des années 2000, le e-commerce prend une place de plus en plus importante dans la vie des Français. Et ce phénomène va en s’amplifiant depuis la crise sanitaire : d’après la fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD), les Français ont dépensé 129 milliards d’euros sur internet en 2021, en hausse de 15,1% sur l’année. Le marché du commerce en ligne représentait environ 63 milliards d’euros en 2020, 46 milliards d’euros en 2019.
Il faut dire que le commerce en ligne offre de nombreux avantages :
- Un gain de temps
- La possibilité d’acheter n’importe où et quel que soit l’horaire.
- Le bénéfice des avis clients, éclairage qui, sans être parfaitement fiable, est presque inexistant dans les autres formes de commerce.
Corollaire de ce dynamisme, le volume des livraisons explose aujourd’hui, tout comme leurs émissions en CO2. Le nombre de colis livrés chaque année au titre du commerce en ligne dépasserait le milliard, soit environ 4 millions de colis par jour avec des pointes à 10 millions en période de fête, notamment de fin d’année.
Ces chiffres nous poussent à reconsidérer les bilans positifs présentés par les acteurs du commerce en ligne en matière d’environnement. Le e-commerce est souvent présenté comme une alternative écologique. Par exemple, une camionnette de livraison chargée complètement et empruntant un itinéraire optimisé pour livrer 50 colis polluerait moins que 50 individus conduisant leur voiture personnelle au magasin et en revenant.
Cela étant, d’autres comportements tendent à dégrader ce bilan :
- Les livraisons, en croissance constante, sont majoritairement urbaines, ce qui contribue à l’engorgement des métropoles.
- Elles sont très souvent renouvelées du fait de l’absence du destinataire lors du premier passage du livreur.
- Elles se font de plus en plus à domicile (85 % des clients du commerce en ligne choisissent cette modalité). Les solutions collectives et en particulier les points relais (68 %) sont en retrait. D’après la FEVAD, 85 % des acheteurs ont eu recours à la livraison à domicile en 2019, contre 68 % en point relais, 28 % en click & collect et 3 % en consigne.
- La distance à parcourir pour la livraison augmente du fait d’un éloignement croissant des entrepôts comme l’ont souligné les travaux de l’Institut Paris Région, consacrés à la région Île-de-France :
- L’éloignement moyen des agences de messagerie par rapport au cœur de Paris est passé de 6,3 km en 1974 à 18,1 km en 2010.
- 69 % des surfaces de plus de 10 000 m² avant 2010 ont été réalisées en grande couronne contre 81 % pour la période 2010-2017, les deux tiers des m² construits l’étant au-delà de la Francilienne.
- Enfin, le taux de retour des produits de plus en plus fréquents. Et la fréquence d’achat en ligne augmente alors que la valeur du panier moyen diminue. Ainsi alors qu’en 2011 la valeur du panier moyen en ligne était de 90 € pour une fréquence d’achat moyenne de 1,2 fois par mois, ces valeurs s’établissent désormais à 59 € soit une baisse de 34 %, pour une fréquence d’achat de 3,5 fois par mois soit un quasi triplement
Ces indicateurs prouvent que le commerce en ligne devient un acte d’achat banalisé avec des paniers faibles tant en volume qu’en valeur, acte d’achat facilité car livré très majoritairement à domicile.
Face à l’urgence climatique, chez Fitizzy, nous estimons qu’il nous faut agir pour rendre ce secteur d’activité plus vertueux. Nos travaux autour de notre plugin de recommandation de taille vont dans ce sens : celui de réduire les taux de retours de commandes.
Quelles pourraient être les actions à mener pour réduire l’impact carbone des marques et des consommateurs ?
Si 34 % des acheteurs en ligne se disent prêts à payer plus pour une livraison plus écologique, les enquêtes font ressortir le respect de l’environnement au dernier rang des critères de choix. La livraison gratuite vient en tête, puis le lieu de livraison, le domicile étant le premier choix comme nous l’avons vu plus haut.
Pour changer les mentalités, le CGEDD et France Stratégie listent plusieurs actions :
- Informer le consommateur de l’impact environnemental de la livraison en lui proposant plusieurs modalités de livraison des produits et en précisant la modalité qui a le plus faible impact sur l’environnement.
- Éviter de faire de la livraison express l’option par défaut.
- Faire payer la livraison, et en particulier la livraison express, à un tarif incluant son impact environnemental, notamment en matière d’émissions de CO2, moyen efficace de réguler le comportement des consommateurs et de l’amener vers davantage de sobriété.
- Favoriser les bons gestes de commande, en s’abstenant d’inciter le consommateur à commander plusieurs références d’un même produit pour n’en garder qu’une seule et en mettant en œuvre des outils pour inciter le consommateur à limiter ses retours.
- Améliorer le bilan environnemental du commerce en ligne en réservant l’accès aux zones urbaines à des véhicules émettant moins de particules fines et de gaz à effet de serre.
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