Annick Jehanne, responsable de la plateforme Hubmode, mais pas que !
Nous avons rencontré Annick Jehanne, créatrice de la marque Gold Kalaa, enseignante et consultante mode / marketing depuis plusieurs années. Elle ajoute des cordes à son arc, puisqu’elle est aujourd’hui responsable des Business Fashion Forum. Elle développe également Hubmode, une plateforme de formations professionnelles Mode et textile. Passionnée et très impliquée dans tout ce qu’elle entreprend, elle répond aujourd’hui à nos questions au sein d’Euratechnologies.
Bonjour Annick, peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?
Je m’appelle Annick Jehanne. J’ai un long parcours, exclusivement dans la mode. Toute ma carrière s’est passée dans le domaine de la mode ou j’ai dirigé pas mal de départements achat / marketing pour des gros groupes dans le textile comme Le Printemps, Jacqueline Riu, les Galeries Lafayette. Depuis 5 ans, je suis consultante et enseignante, toujours spécialisée dans le marketing et la stratégie de la mode et j’aide aussi un club de dirigeants où nous sommes maintenant 1 000 sur Linkedin à échanger et partager et qui s’appelle Business Fashion Forum.
Tu es responsable d’Hubmode, de quoi s’agit-il exactement ? Quels sont les objectifs ?
C’est le nouveau projet … Il s’agit de la première plateforme professionnelle spécialisée dans les secteurs de la mode et du textile. Hubmode forme à distance par des nouveaux outils de e-learning et de vidéos extrêmement attractives pour les gens qui apprennent. Hubmode forme également « en vrai » par des ateliers pratiques, d’une journée, animés par des chefs d’entreprise. Ce sont des formations pour les salariés de la mode et de l’industrie textile. Il y a également des étudiants qui souhaitent suivre ses formations. Nous discutons donc avec un certain nombre d’écoles pour mettre en place ces parcours alternatifs. Sur la plateforme, il y a également une web TV, une base de ressources, de vidéos. Nous sommes en train de récolter des trésors qui dorment cachés dans des fédérations spécialisées dans la mode et le textile. Les objectifs sont de transmettre des savoirs et surtout de faire évoluer des salariés : soit d’enrichir ce qu’ils connaissent déjà, soit, pour eux, de découvrir un autre métier.
Tu animes les Business Fashion Forum, peux-tu nous en dire un peu plus ?
C’est un réseau de dirigeants au sein duquel on échange et qui est une organisation sans but lucratif. Il y a une rencontre tous les mois à Paris. On essaie d’organiser des conférences sur des sujets qui intéressent tout le monde et qui sont nouveaux afin que les gens apprennent de nouvelles choses. Nous faisons le tour des écoles de mode et de commerce à Paris qui nous accueillent avec une très grande gentillesse. Cela permet aussi à des chefs d’entreprise de découvrir des écoles qu’ils ne connaissent pas et aux étudiants des différentes écoles de participer à ces conférences et de rencontrer des professionnels pour des offres de stage ou des futurs jobs. Notre volonté est de mettre en place un vrai réseau.
Quelles sont les clés de la réussite pour une marque de mode ? Je sais que tu as toujours la tienne Gold Kalaa …
Oui, cette marque est aujourd’hui vendue en Inde et en Asie puisque c’est là-bas que ça marche le mieux. L’idée c’est vraiment de faire quelque chose de différent qui n’existe pas. Il est important de beaucoup travailler sur la valeur ajoutée. Ce que l’on crée doit vraiment être spécial, de bonne qualité et bien fabriqué. Après, il y a un autre critère qui est plus difficile en France puisque nous sommes très mal organisés sur ce sujet là … C’est de trouver des financements. Une entreprise de mode doit être financée 2 ans, le temps de créer son concept, d’acheter ses matières, de faire fabriquer, de vendre … C’est très long dans l’industrie de la mode. Donc aujourd’hui, le financement n’est pas du tout adapté. On dit, aujourd’hui, que l’on soutient les jeunes créateurs de mode mais c’es absolument faux. Les prêts de financement ne sont pas du tout à la hauteur des besoins … On donne de l’argent avec beaucoup de difficulté alors que les besoins sont réels. On bloque, de ce fait, beaucoup de talents et cela est dommage. C’est une expérience que j’ai moi-même vécue et je sais à quel point le financement est un sujet crucial … C’est une problématique typiquement française que l’on ne rencontre pas aux Etats-Unis. , ni en Grande-Bretagne.
Le e-commerce ça te parle je suppose ? Que penses-tu des commerces hyper connectés ? Les réseaux sociaux sont-ils primordiaux dans le e-commerce aujourd’hui ?
Je ne sais plus ce qu’est le e-commerce, je ne sais plus ce que sont les réseaux sociaux ni même ce qu’est un magasin. Tout cela ne m’intéresse plus du tout. D’ailleurs, cela est très intéressant puisque l’on revient à la notion fondamentale qui est celle du commerce. Un commerce, on l’oublie parfois, on pense que c’est uniquement de vendre quelque chose à quelqu’un mais pas du tout. Un commerce c’est un échange de quelque chose entre deux personnes. Aujourd’hui le commerce se fait partout, dans la rue, dans un magasin, en se parlant sur Facebook. Cet éclatement du commerce est très intéressant puisqu’il permet de se poser les bonnes questions : qu’échangeons-nous et comment le fait-on ? Avec quel « humain » échangeons-nous ? Ce qu’il se passe actuellement est intéressant pour cela. La notion d’échange est essentielle aujourd’hui. Le bon commerce c’est quand les deux interlocuteurs sont contents !
Quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
C’est la mise en place de cette plateforme, qui est aujourd’hui en version test. Nous prenons au départ 100 apprenants sur les premières formations pour que l’on puisse co-construire les formations avec eux. C’est une plateforme riche et interactive que l’on souhaite vraiment développer ensemble. Nous parlons avec beaucoup d’interlocuteurs : les fédérations, les écoles, les élus des villes de textile… « Hub » c’est le point de rassemblement qui emmène vers d’autres horizons. Nous voulons vraiment être rassembleurs sur cette plateforme. Notre but maintenant est de la développer et surtout de lever des fonds pour produire l’ensemble des futures formations.
Que penses-tu du concept Fitizzy ?
Lorsque j’ai rencontré Sébastien, j’ai tout de suite beaucoup aimé sa personne et son projet. Je pense que c’est un vrai chef d’entreprise. On l’a tout de suite accueilli dans le club BFF. On a essayé de l’aider comme on le pouvait en fonction de ses besoins. Fitizzy est une excellente idée. Moi même j’ai géré des centrales d’achats et la question de la taille est essentielle. De part mon expérience, j’ai pu observer que si l’on cale mal ses tailles on a des stocks ou on a des retours si on est un site internet. Le mauvais calibrage de l’offre en taille entraîne vraiment une déperdition de profit. C’est une problématique qui existe depuis longtemps et qui n’arrive pas vraiment à se régler. Donc si elle peut se régler avec Fitizzy, qui est un outil extrêmement utile, c’est une très bonne chose.
Quels conseils donnerais-tu pour réussir, toi qui a de l’expérience dans le secteur de l’habillement et du commerce ?
Il faut toujours avoir un temps d’avance ! Les technologies de mesures du corps humain évoluent à grands pas et les recherches ne sont pas encore vraiment au point. Être un bon chef d’entreprise c’est faire ce que l’on a envie de faire grâce aux moyens les plus pratiques, les plus faciles. C’est penser au client final, à ce dont il a besoin. Il faut être un anthropologue du client, il faut suivre le client et l’observer. Observer c’est mieux que de lui parler. Ce qu’il fait ne ment jamais. Je pense que Sébastien et Gaultier sont de bons chefs d’entreprise. Ils ont les bons outils pour réussir et je leur souhaite.
Merci Annick !
A bientôt pour une nouvelle interview sur le blog.
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